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Yoga et cancer de la prostate : un allié dans la prise en charge des effets secondaires



Le cancer de la prostate est l’un des cancers les plus fréquents chez les hommes, notamment après 50 ans. Son traitement repose principalement sur la chirurgie, la radiothérapie et l’hormonothérapie, souvent associées. Bien que ces interventions soient efficaces pour contrôler la maladie, elles peuvent engendrer des effets secondaires physiques et psychologiques importants, tels que la fatigue, les troubles urinaires ou les dysfonctions sexuelles. Dans ce contexte, des approches complémentaires comme le yoga commencent à susciter un intérêt croissant pour accompagner les patients dans leur parcours de soin.


Une étude publiée en 2017 dans l’International Journal of Radiation Oncology, Biology, Physics a apporté un éclairage nouveau sur les bénéfices du yoga pour les patients atteints de cancer de la prostate. Réalisée par Ben-Josef et al., cette étude clinique randomisée de phase II a évalué les effets d’un programme de yoga de type Eischens chez des hommes en cours de radiothérapie pour un cancer de la prostate non métastatique.



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Une approche complémentaire encadrée


L’étude a inclus 50 hommes âgés de 53 à 85 ans, tous traités par radiothérapie externe. Parmi eux, 22 ont été assignés à un programme de yoga, tandis que les autres ont constitué le groupe contrôle. Certains patients suivaient également une hormonothérapie ou avaient déjà subi une prostatectomie. Les deux groupes étaient comparables en termes de traitement médical, ce qui permet de mieux isoler l’effet du yoga sur les symptômes évalués.

Le yoga pratiqué dans l’étude est une forme particulière appelée yoga Eischens. Accessible à tous, quel que soit le niveau d’expérience, il met l’accent sur la conscience corporelle, l’alignement postural et le renforcement musculaire. Les participants ont suivi deux séances hebdomadaires de 75 minutes, pendant neuf semaines, encadrées par un enseignant qualifié.



Moins de fatigue, meilleure fonction urinaire et sexuelle



Les résultats de l’étude sont encourageants. Les hommes ayant participé aux séances de yoga ont rapporté moins de fatigue au fil des semaines, contrairement au groupe témoin qui a vu la fatigue augmenter pendant la radiothérapie. De plus, les participants du groupe yoga ont observé une stabilisation, voire une amélioration, de leur fonction urinaire et de leur fonction sexuelle, alors que celles-ci se dégradaient dans le groupe contrôle.

Les auteurs de l’étude attribuent ces effets à plusieurs mécanismes. Sur le plan physiologique, le yoga pourrait renforcer les muscles du plancher pelvien et améliorer la circulation sanguine, contribuant ainsi au maintien des fonctions urinaires et érectiles. Sur le plan psychologique, le yoga offrirait un espace de recentrage et de mieux-être, susceptible d’atténuer l’anxiété, de soutenir la motivation au cours du traitement et de favoriser une meilleure gestion des effets secondaires.

Une réponse à une demande croissante de soins intégratifs

Ces résultats s’inscrivent dans une dynamique plus large d’intégration de pratiques corporelles douces dans les parcours de soins en cancérologie. Depuis plusieurs années, les institutions de santé et les associations de patients s’intéressent aux bénéfices potentiels du yoga, du tai-chi, de la sophrologie ou encore de la méditation pour améliorer la qualité de vie des personnes malades. Dans le cadre du cancer, la Haute Autorité de Santé recommande d’ailleurs l’activité physique adaptée tout au long du parcours de soin, y compris en cours de traitement.

Ce type de recherche vient étayer scientifiquement les retours positifs souvent exprimés par les patients. Toutefois, il reste encore des étapes importantes pour généraliser ce type de prise en charge : former davantage de professionnels de yoga aux spécificités des publics atteints de pathologies chroniques ou graves, sécuriser l’encadrement, et sensibiliser les soignants à ces outils complémentaires.



Précautions et perspectives


Bien que l’étude menée par Ben-Josef et al. montre des résultats significatifs, elle reste de taille modeste (50 participants) et de courte durée (9 semaines). Des recherches complémentaires à plus grande échelle, incluant un suivi à long terme, seront nécessaires pour confirmer et mieux comprendre les effets du yoga dans ce contexte spécifique.

Par ailleurs, la mise en œuvre d’un programme de yoga en milieu hospitalier ou en lien avec des structures de soins demande une coordination rigoureuse. Le choix du type de yoga, la formation des enseignants, la sécurité des patients et la compatibilité avec les traitements médicaux sont autant d’éléments à prendre en compte.



Conclusion


Le yoga, en tant que pratique douce, structurée et adaptable, semble offrir des bénéfices intéressants pour les hommes traités pour un cancer de la prostate. L’étude menée en 2017 par Ben-Josef et ses collègues montre qu’un accompagnement régulier par le yoga peut atténuer la fatigue, préserver certaines fonctions physiologiques et améliorer la qualité de vie pendant la radiothérapie.

Ces résultats plaident pour une approche globale de la santé, dans laquelle le patient est accompagné dans sa dimension physique, psychique et relationnelle. Sans se substituer aux traitements conventionnels, le yoga peut jouer un rôle complémentaire précieux dans une prise en charge centrée sur la personne.

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Estelle Alba 

Yoga & Sophrologie

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Estelle ALBA

estelle.alba@gmail.com 

Professeure de Yoga formée aux normes de l'Union Européenne de Yoga

©EstelleAlba

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