La préparation à l’accouchement selon la méthode De Gasquet : posture, souffle et poussée réflexe

La méthode De Gasquet propose une approche posturo-respiratoire de la grossesse et de l’accouchement, fondée sur une alliance entre les connaissances anatomiques, biomécaniques et les ressentis corporels. Développée par le Dr Bernadette De Gasquet, médecin et professeure de yoga, cette méthode repose sur des principes simples : protéger le périnée, éviter les hyperpressions abdominales, et restaurer un schéma corporel fonctionnel à travers le souffle et le mouvement. Elle est aujourd’hui largement utilisée dans les maternités, en accompagnement périnatal ou en préparation physique douce à la naissance.

Comprendre la logique de la méthode De Gasquet

L’un des fondements de cette approche est le lien entre respiration, posture et tonus profond. Contrairement à certaines pratiques où la posture est traitée de manière isolée, la méthode De Gasquet considère que la façon de respirer influence directement la tonicité du plancher pelvien, la stabilité du tronc et la gestion des pressions abdominales.

Ce principe est particulièrement utile pendant la grossesse, période où la biomécanique corporelle est profondément modifiée. L’utérus prend de plus en plus de place, les courbures lombaires et dorsales s’accentuent, les muscles profonds (abdominaux, périnée) doivent s’adapter. La méthode cherche à préserver l’intégrité de ces structures tout en préparant le corps à l’effort de l’accouchement.

L’auto-grandissement : un pilier postural pour toute la grossesse

La notion d’auto-grandissement est centrale dans la méthode. Il ne s’agit pas de se "tenir droit" de manière rigide, mais de s’auto-étirer en douceur, à partir de l’intérieur, pour créer de l’espace dans le tronc sans forcer. Cet auto-étirement s’effectue principalement à l’expiration, en imaginant que la colonne vertébrale s’allonge du coccyx au sommet du crâne.

Ce travail postural active en synergie les muscles profonds du tronc (transverse, périnée, muscles paravertébraux). En pratique, il permet de mieux répartir les pressions générées par le diaphragme respiratoire, de soulager le dos, et de libérer l’espace thoracique pour la respiration. Pour les femmes enceintes, cela peut réduire certains inconforts comme les douleurs lombaires, la sensation d’oppression ou les troubles digestifs.

Une respiration adaptée pour protéger le périnée

Dans la continuité de cet auto-grandissement, la méthode De Gasquet enseigne une respiration expiratoire contrôlée, à partir d’un effort doux de souffler "en rentrant le bas du ventre". Cette action engage le muscle transverse de l’abdomen, qui fonctionne en synergie avec le périnée et évite les poussées vers le bas.

Loin de promouvoir la respiration abdominale classique, la méthode insiste sur une respiration latérale et postérieure, qui respecte les courbures naturelles de la colonne et préserve le plancher pelvien. C’est une manière de réduire les pressions intra-abdominales et de retrouver un souffle plus fonctionnel, surtout dans les dernières semaines de grossesse.

Préparer la poussée réflexe, plutôt que pousser en force

Contrairement à l’image classique de la poussée "blocage-inspiration et pression vers le bas", la méthode De Gasquet propose une approche plus physiologique et respectueuse du périnée : la poussée réflexe. Il s’agit de s’appuyer sur la mécanique naturelle de l’expiration, en soufflant activement et longuement, sans fermer la glotte, afin d’accompagner le mouvement spontané du bébé.

L’objectif est de laisser faire le corps, tout en guidant la poussée par une posture adaptée, un relâchement du plancher pelvien, et une expiration dynamique. Cette poussée est dite "réflexe" car elle n’est pas imposée par un effort volontaire intense, mais facilitée par les bons axes et l’absence de blocage respiratoire.

Cette approche peut réduire les risques de lésions périnéales, de fatigue maternelle excessive et de désorganisation respiratoire pendant la phase d’expulsion. Elle est compatible avec un accouchement médicalisé ou non, et peut s’adapter aux différentes positions de travail.

Le rôle des positions pendant le travail

La méthode encourage l’adoption de positions physiologiques pendant le travail et l’accouchement : à quatre pattes, sur le côté, en position accroupie avec appui, ou en fente. Ces positions visent à libérer le bassin, respecter les axes d’ouverture, et faciliter la descente du bébé. Elles permettent aussi une meilleure orientation de la poussée, sans comprimer le périnée.

Des outils comme le ballon, le mur ou un partenaire peuvent être utilisés pour varier les appuis et soulager les tensions. Là encore, l’auto-grandissement et la respiration sont au cœur du travail postural.

Une approche progressive et éducative

La méthode De Gasquet ne propose pas une recette unique. Elle invite chaque femme à s’approprier ses sensations, à tester les postures qui lui conviennent, et à comprendre la logique de son corps. L’éducation posturale est progressive : on commence souvent par des exercices simples, au sol ou sur chaise, avant d’introduire des mouvements plus complexes. L’accent est mis sur l’observation des ressentis plutôt que sur la performance.

Cette démarche permet aussi de mieux vivre la fin de grossesse, souvent marquée par des tensions musculaires, une fatigue respiratoire ou des troubles du sommeil. Les outils transmis (postures, souffles, visualisations) peuvent être intégrés au quotidien.

En conclusion

La méthode De Gasquet apporte une réponse concrète aux enjeux de la préparation à la naissance : préserver le périnée, soulager les tensions, et accompagner activement le processus de l’accouchement par le souffle et la posture. Elle repose sur une connaissance fine de l’anatomie fonctionnelle, sans jamais dissocier le corps du vécu subjectif.

En intégrant cette approche dans la préparation à l’accouchement, les femmes enceintes peuvent développer une meilleure conscience corporelle, réduire certains inconforts, et se sentir plus actrices de leur accouchement — qu’il soit naturel ou médicalisé.