La respiration pendant la grossesse : adapter son souffle pour accompagner les transformations du corps
- estellealba9
- 6 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 juil.
La grossesse induit d’importantes transformations physiologiques et biomécaniques. Parmi les outils simples à la disposition des femmes enceintes, la respiration occupe une place centrale. Elle n’est pas seulement un processus automatique : sa modulation volontaire permet d’accompagner certains inconforts liés aux adaptations corporelles, notamment sur les plans respiratoire, postural et émotionnel.

Modifications du système respiratoire pendant la grossesse
Dès le premier trimestre, la respiration est influencée par les modifications hormonales. L’augmentation du taux de progestérone stimule le centre respiratoire situé dans le tronc cérébral, ce qui entraîne une légère hyperventilation physiologique. Cela se traduit par une augmentation du volume courant (le volume d'air inspiré à chaque respiration), bien que la fréquence respiratoire reste globalement stable.
Au fil des mois, l’utérus en expansion refoule progressivement le diaphragme vers le haut. Cette modification mécanique réduit l’amplitude du mouvement diaphragmatique. Pour compenser, la cage thoracique s’élargit, avec une augmentation de l’angle costovertébral, ce qui permet de maintenir un volume respiratoire adéquat malgré la diminution de la compliance pulmonaire.
Certaines femmes peuvent toutefois ressentir une gêne respiratoire ou un essoufflement, même en l’absence d’effort. Ce phénomène est fréquent à partir du deuxième trimestre, et il est généralement sans gravité en l’absence de pathologie sous-jacente.
Les effets de la respiration volontaire sur la régulation du stress
La respiration est un des rares automatismes physiologiques que l’on peut contrôler consciemment. Sa modulation volontaire, notamment par l’allongement de l’expiration ou la respiration lente, a démontré des effets bénéfiques sur le système nerveux autonome.
Plusieurs études ont montré que la respiration contrôlée active le nerf vague, ce qui entraîne une diminution de la fréquence cardiaque, une réduction de la tension artérielle, et une activation du système parasympathique, associé à la détente. Ces effets sont utilisés dans des approches comme la cohérence cardiaque, la pleine conscience ou la sophrologie, dont certaines sont proposées en accompagnement de la grossesse.
Mobiliser la cage thoracique pour retrouver du confort
Avec la réduction de l’espace abdominal, il devient pertinent de favoriser une respiration thoracique latérale et postérieure. Ce type de respiration mobilise davantage les côtes et les muscles intercostaux, ce qui peut aider à compenser la perte d’amplitude diaphragmatique.
Des exercices simples de respiration dirigée vers les flancs ou le dos, réalisés en position assise ou à quatre pattes, permettent d’améliorer la perception de la mobilité thoracique. Ces pratiques ne visent pas à « bien respirer » de manière normative, mais à retrouver une respiration confortable, adaptée à l’évolution du corps.
Respiration et posture : une interaction importante
La posture évolue au cours de la grossesse, sous l’effet de l’hypermobilité ligamentaire et du déplacement du centre de gravité. Cela peut entraîner des tensions dans le dos, la ceinture scapulaire ou le plancher pelvien.
Certaines méthodes d’éducation posturale, comme celles issues du yoga prénatal ou de la méthode De Gasquet, proposent de coupler la respiration à des étirements ou à des auto-grandissements. Bien que peu d’études aient mesuré spécifiquement leurs effets pendant la grossesse, ces approches cherchent à restaurer une mobilité douce et à éviter les pressions inutiles sur l’abdomen ou le périnée.
Se préparer à l’accouchement avec la respiration
La respiration joue également un rôle dans la préparation à l’accouchement. Plusieurs programmes de préparation (classiques, sophrologiques ou en yoga prénatal) intègrent des techniques de souffle visant à accompagner les contractions, à mieux gérer la douleur et à rester active pendant le travail.
Les données scientifiques disponibles indiquent que ces techniques ne modifient pas nécessairement les paramètres médicaux de l’accouchement (durée du travail, recours à la péridurale), mais qu’elles peuvent améliorer le vécu subjectif, notamment en réduisant l’anxiété, en favorisant une meilleure perception de contrôle et en augmentant la satisfaction globale (Cochrane, 2018).
Les exercices de respiration lente, les expirations longues et contrôlées, ou encore les souffles rythmés sont des outils fréquemment enseignés dans ce cadre. Leur efficacité dépend en grande partie de l’entraînement et de la capacité à les intégrer dans un contexte de stress ou de douleur.
Un outil simple et accessible, à adapter selon ses besoins
La respiration reste un outil accessible, sans contre-indication, et potentiellement bénéfique à tous les stades de la grossesse. Toutefois, elle ne constitue pas un traitement en soi. Elle s’intègre dans une approche globale du bien-être, et peut accompagner d'autres pratiques comme l'activité physique adaptée, la relaxation, ou l’éducation à la naissance.
Il est important de souligner que les techniques respiratoires doivent être ajustées aux ressentis de chacune. Ce qui est perçu comme apaisant pour une personne peut ne pas l’être pour une autre. L’écoute du corps, l’exploration en douceur et l’accompagnement par des professionnels formés sont des éléments clés pour une pratique bénéfique.
En résumé
La grossesse modifie le fonctionnement respiratoire par des mécanismes hormonaux et biomécaniques.
La respiration volontaire, notamment lente et consciente, peut avoir un effet positif sur la régulation du stress.
Adapter la respiration pour mobiliser la cage thoracique et soutenir la posture contribue au confort quotidien.
La respiration est un outil utile en préparation à l’accouchement, notamment pour gérer la douleur et renforcer la perception de contrôle.
Une approche individualisée, accompagnée si besoin par des professionnel·les formé·es, reste la plus pertinente.



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